Blasphemous : vas-y fouette-moi



Vous m'avez suivi sur Twitter, vous avez vu que Blasphemous est en train de devenir petit à petit un coup de cœur absolu. Même si je ne l'ai pas fini à présent, je vous propose un ressenti assez objectif sur la dizaine d'heures que j'ai passées sur le jeu. On va éviter de sortir les habituelles comparaisons Metroidvania et Bloodborne même si vous l'avez sans doute vu, Blasphemous est un jeu de plateforme non linéaire à la difficulté particulièrement corsée. Entrons dans le vif du sujet et dans cet univers où la mort et la religion se côtoient en toute amitié. *clin d'oeil*


Blasphemous est d'abord un jeu qui a fait parler de lui depuis un bon moment. Le studio espagnol Game Kitchen avait lancé un kickstarter promettant un jeu à l'univers théologique extrêmement particulier, bourré de références au catholicisme et au blasphème (sans rire). On a pas de mal à comprendre de quoi les développeurs se sont inspirés, l'Espagne étant un pays très catholique. Reste que l'univers proposé dans le jeu est absolument fantastique si comme moi vous aimez l'imagerie et la mythologie catholique. Il y a toujours eu une aura spéciale autour de cette religion je trouve, j'adore les costumes et les chants grégoriens. Si je n'ai rien à faire du côté dogme spirituel, je trouve qu'esthétiquement et qu'au niveau des histoires cruels de la chrétienté, ça poutre.


On retrouve avec plaisir beaucoup de vecteurs visuels de cette religion tout au long du jeu, mais avec une touche macabre rarement vue dans le jeu vidéo. Si Blasphemous est une perle de précision pixel-art, c'est avant tout au service d'un bestiaire et d'un univers particulièrement dégueulasses. Rarement un jeu m'aura autant fasciné autour de son design graphique. Chaque décor est parfaitement exécuté et l'ambiance désespérée se marie parfaitement avec les touches rétro du parti-pris graphique. Que ce soit au niveau des ennemis de base où des bosses aussi hideux qu'ils sont charismatiques, chaque personnage est animé et dessiné avec délice. Heureusement d'ailleurs parce que si visuellement c'est magnifique, musicalement c'est le vide complet. On aurait aimé des thèmes avec des passages de chants grégoriens, des airs ressemblant à ceux des églises. Là on a droit à de l'ambient qui fait certes le travail mais qui est d'une platitude assez confondante. Dire que la BO est dispo dans la version deluxe, non merci.


Si les attributs esthétiques sont toujours importants, c'est finalement le gameplay de Blasphemous qui est le plus important. La communication s'est faite principalement sur un jeu de découverte plateforme à la difficulté infernale. J'ai d'ailleurs découvert qu'on appelait les jeux de retry infini les masocore games, comme Super Meat Boy ou I Wanna Be The Guy. Point culture. Et les devs ont pas menti, Blasphemous est bien un jeu qui ne plaira pas à tout le monde à cause de cette difficulté qui tourne parfois au ridicule. Le sentiment est le même à chaque arrivée dans une nouvelle zone : on se prend tous les pièges de la terre, tous les positionnements d'ennemis faits pour nous charcuter. Et vu que les dégâts des ennemis sont immenses alors que les fioles de vie donnent toujours la même dose, le jeu est finalement le plus dur au début du jeu quand on a que 2 fioles par sections. Parce que oui, on ne ramasse pas d'items de vie dans le jeu. Soit vous atteignez la prochaine section avec vos 2 fioles, soit vous mourrez et rebelote. La difficulté de Blasphemous va d'ailleurs rebuter pas mal de joueurs car elle ne fait pas du tout appel à vos réflexes mais bien à du par-cœur bête et méchant. Les ennemis sont toujours les mêmes à la même place. Il va falloir donc tout apprendre pour avancer, en mourant et en mourant encore. Remember Megaman ou Castlevania. Seul les bosses vont faire appel à vos réflexes car ils ne sortent pas les patterns dans le même ordre. Et alors là attention. Parce que si les trois premiers bosses qui ouvrent la première partie du jeu sont assez faciles pour les tuer à la première rencontre, une fois le pont atteint pour joindre la deuxième partie, le pic de difficulté des bosses augmente violemment. Il va falloir jouer serré, surtout que l'utilisation de fiole de vie prend au moins 2/3s, pendant lesquelles vous pouvez vous faire toucher et annuler le gain de vie. Formidable.


La plus grande force du jeu, c'est finalement son univers qui fait coller le joueur à son écran. Certes l'exploration est aussi un aspect sympa du soft mais je trouve la navigation mal fichue à cause de manque de téléporteurs et où de téléportation aux points de sauvegarde. Certes le jeu se veut dur, cela n'empêche pas d'implémenter des idées pour éviter le backtracking trop présent dans le jeu. Tant qu'on parle des défauts, à part la difficulté parfois injuste pour vous faire prendre les pièges de manière certaine les premières fois, le jeu a quelques problèmes techniques. D'abord des bugs qui softlock le jeu. Ça m'est arrivé une fois et je ne suis pas le seul d'après le reddit du jeu. Espérons que les devs patchent ça. Puis on a du mal à comprendre les frames d'invulnérabilité (iframes). Des fois on est sur des ennemis et rien ne nous touche, des fois oui. On ne comprend pas quelle est la fenêtre de iframes des attaques, c'est confus visuellement et au niveau du gameplay, ce qui fait que parfois on prie juste le seigneur pour que ça passe. Ce qui rejoint le problème des hitboxes. Difficile parfois de dire ce qui est touchable ou pas sur notre perso. Les hitboxes des sols aussi à la remontée des échelles sont perturbantes, on saute croyant être sur le sol mais non, on retombe tout en bas.



Ces quelques problèmes vont en fait dépendre de votre attachement à l'univers du jeu. Personnellement, je suis tellement fasciné par la mythologie du jeu que même si je rage pendant des plombes sur des passages, j'y reviens toujours et j'en redemande. L'univers m'a happé et Blasphemous est en train de devenir un petit jeu culte pour votre serviteur. J'attends d'ailleurs les premiers speedruns du jeu car il s'y prête assez bien niveau gameplay avec une glissade qui peut être cancel par un saut, lui-même cancellable à sa retombée par une glissade pour annuler les frames de retombée. Cela rend les déplacements bien plus fun et rapides. 

Je ne m'éternise pas sur les différents systèmes d'upgrades dispos sur les items et les attaques, c'est finalement assez classique. Le jeu dispose d'une excellente durée de vie pour le style car je croyais qu'en 6/7h ça allait être plié et je suis pas encore rendu aux derniers instants de jeu en 10h. Reste finalement à savoir si vous, en tant que joueur, êtes capable de surpasser les quelques défauts pour accepter le challenge. C'est pour ça que je ne conseillerais pas le jeu à tout le monde, il vaut mieux l'essayer avant de l'acheter. Mais si vous vous laissez prendre, vous découvrirez un monde malade rempli de passages mythiques avec des bosses, mais des bosses ! Je n'en dirai pas plus. Blasphemous m'a totalement conquis quand bien même je suis parfaitement conscient des problèmes qu'il possède. C'est pour ça que je vais noter objectivement et mettre deux notes. Si on me demande mon avis personnel, je lui mets 9/10. Si vous souhaitez une note en prenant en compte les défauts, voire ci-dessous.

Les points forts

  • Univers fantastique
  • Bosses magistraux
  • Difficulté engageante
  • Replay value avec tous les secrets
  • Expérience de jeu globale

Les points faibles

  • Techniquement imparfait
  • Bande son bof bof
  • Pas mal de backtracking
  • Difficulté "par-cœur" 
  • Certains bosses vont faire rager

Note finale : 7,5/10

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