Undertale : le naufrage

Je n'ai jamais suivi la développement ou la sortie d'Undertale mais un bon ami avait une copie dispo et m'ayant offert le jeu, je me suis lancé dedans afin de participer moi-aussi à cette hype du bijou du jeu vidéo indé. Mon incompréhension a été réelle quand j'ai compris que derrière l'aspect dithyrambique des critiques et des joueurs se cachait toujours le même problème que j'ai aujourd'hui : une surévaluation quasi systématique et dans ce cas à des années-lumière du produit espéré. Revenons donc sur Undertale, qui est au jeu vidéo ce que Alien Covenant est au cinéma : un ratage complet parti d'une idée géniale.  


Pour dise les choses comme elles sont, il est rare que je déteste un jeu. Généralement, je n'ai aucun attachement personnel qui me fait ne pas aimer. À la limite si je n'aime pas, je le désinstalle et je passe à la suite, ça va pas plus loin que ça. Mais quand, dans le cas d'Undertale, on m'a vendu un chef d’œuvre du jeu vidéo indé, forcément je m'attends à une œuvre somptueuse, nuancée, fine. Mais non, on se retrouve devant l'éternel jeu indé moisi qui mise tout sur son principe. Je redis les choses : je déteste les jeux indés. Souvent mal faits, moches et sans profondeur, ils représentent tout ce que je n'aime pas dans le jeu vidéo. Le jeu indé, c'est du jeu vidéo par des gens qui ne connaissent pas le métier. Parce que oui, ils semblent ne pas avoir compris que faire des jeux vidéo, c'est un métier et que ça demande des études, du savoir et du budget. Undertale est une fois de plus le porte-étendard d'un studio sans doute fait de une personne qui a tout (mal) fait en pensant que le jeu vidéo, finalement ça devait pas être compliqué à faire. Je suis toujours déconcerté de voir à quel point des personnes peuvent s'illusionner en pensant pouvoir faire du jeu vidéo. Je pourrais citer énormément d'exemples en jeu indé (quasiment tous en fait) mais bon, concentrons-nous sur Undertale. 

Undertale se veut donc un petit RPG en style 8 bits typé rétro et avec une "histoire" (guillemets car elle est quasi-inexistante) centrée sur des sujets plus matures que d'habitude et des personnages pittoresques. Au lieu de ça on se tape un jeu lent, très moche et avec des personnages imbuvables d'irritabilité. Mais prenons les choses dans l'ordre. D'abord les graphismes. L'envie de faire du Earthbound est plus qu'une évidence mais le problème c'est que le designer ne sait tout simplement pas dessiner. Moi aussi j'aime les designs rétro mais ici les personnages sont mal dessinés, il faut dire la vérité. Le personnage principal qu'on incarne est très mal fait et bon nombre de personnages dans le jeu ont des proportions ou des traits qui sont d'un amateurisme rare. On retrouve une envie de proposer des design enfantins vous savez, comme les petits qui n'arrivent pas à faire des proportions quand ils dessinent. Ça peut être mignon quand c'est maîtrisé et voulu. Or ici on voit de manière flagrante et répétée que ce n'est pas le cas. Les dessins sont faits à la va-vite et sans aucune personnalité. Le cœur des amateurs de pixel art pleure en voyant le résultat.

La direction artistique quasi inexistante n'a pas à être excusée mais ce qui l'est encore moins c'est le recyclage éhonté dont fait preuve le jeu dans ses puzzles. Il est assez scandaleux de voir que toutes les énigmes qu'on retrouve dans le jeu sont tirées d'autres jeux vidéo. Manque de bol pour Undertale, j'ai déjà fait ces jeux et j'ai donc eu aucun mal à les résoudre. C'est quand même un scandale de voir ça aujourd'hui. Il n'y a eu aucune créativité dans ces puzzles, chose d'autant plus étrange car le système de combat à lui-seul montre tous le savoir-faire qui aurait pu être intégré dans le jeu dans les autres compartiments. Pourquoi ce système est-il aussi bon et le reste minable ? Cela restera un mystère à jamais. 

Si le manque de talent dans les graphismes est ce qui m'a le plus énervé, on est pas loin en ce qui concerne les personnages. La volonté des développeurs de créer des personnages pittoresques avec des caractères non pas neutres et passifs comme dans tous les jeux aurait pu être une excellente idée si elle n'avait pas -encore une fois- été ruinée par le résultat ici présent. Le gros problème, c'est que ceux qui se sont occupés des dialogues n'ont jamais su s'arrêter dans leurs blagues. On se trimballe pendant tout le jeu un duo de squelettes qui ont des caractères proprement insupportables avec un qui fait des jeux de mots moisis sans arrêt et l'autre qui se prend pour un stratège alors qu'il ne fait que nous donner des énigmes volontairement nulles. En ressort un comique de situation qui aurait pu marcher s'il était l'objet d'une séquence unique mais qui, filé tout au long du jeu, devient insupportable. J'ai trouvé un parallèle qui explique exactement cette idée : Jar Jar Binks dans Star Wars. Voilà, là vous allez devoir subir 2 Jar Jar pendant plusieurs rencontres et quelques heures. Bon courage.

À sauver, il n'y a que les musiques et les mécaniques de combat. Les premières font souvent mouche et sont un travail réfléchi sur les situations, donc très plaisantes avec leur saveur -à point- rétro. Les secondes sont le seul point fort du jeu et je le disais, sont incroyablement plaisantes à jouer. On se tape des patterns à la shmups dans une case, c'est à la fois du jamais vu et du parfaitement implémenté dans l'univers du jeu. Chapeau.

Undertale est donc un mauvais jeu qui mérite l'oubli le plus rapide et la sanction la plus violente pour éviter qu'on se retape ce genre d'accident industriel du jeu vidéo. Ce qui est bizarre c'est qu'il s'adresse avant tout aux joueurs de mon âge, nostalgiques d'une certaine idée du jeu vidéo alors qu'il pille sans vergogne des idées en espérant qu'on va pas le voir. Je me battrai personnellement toujours contre le jeu indé de toute façon parce que ce n'est pas vraiment du jeu vidéo, ou simplement du jeu vidéo amateur comme on ferait de la poterie le dimanche. Meat Boy ne sera jamais Megaman, Undertale ne sera jamais Earthbound. À ne pas acheter.

2/10

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