Path of Exile : l'exquis

Ce monde devient trop compliqué. Il y a tellement de choses à voir, à écouter, à jouer. Essayer de tout voir, tout connaître dans un fouillis aussi dense que la culture actuelle relève à la fois du plaisir infini et de l’insatisfaction tout aussi intarissable. C’est dans ce cadre que j’ai découvert, trois ans après, Path of Exile. Trois ans de vie du jeu qu’il a fallu rattraper mais -cela va être le fil rouge de cet article vous le verrez- PoE fait les choses avec une telle intelligence que les joueurs comme moi, qui ne dosent pas les H&S depuis des années, peuvent s’immerger sans aucun problème dans le jeu sans avoir l’impression d’avoir loupé tout un pan de l’histoire. Spoiler alert: tl;dr

Si je ne suis pas un habitué des H&S, j’aime quand même ce genre malgré sa limite majeur : la redondance. J’ai passé plus de 200h sur Diablo 3 et il y a quelques années maintenant j’ai fait quelques runs de Diablo 2. Même si les optimisations de builds qui rendent les parties des joueurs hardcore épileptiques me sont étrangères, je connais bien le principe et j’aime ça. C’est d’ailleurs assez marrant de voir les vidéo de mecs qui ont 400h de jeu avec des builds craqués, le jeu il tourne tellement au manic shooter c’est presque n’importe quoi.

Bref, tout ça pour dire que je suis quand même habitué du genre et que Path of Exile m’a subjugué tout en me permettant de rentrer très vite dans le vif du sujet. La grande force du titre, c’est à mon avis d’avoir été conçu par des experts joueurs du genre, il n’en est pas possible autrement. En m’intéressant au jeu, j’ai constaté sur le site web qu’il y a une grande communauté et que les corrections sont écoutées par l’équipe. Dès qu’on commence à jouer, on voit les grandes lignes : on reconnait le HUD tout de suite, la carte est très claire et l’arbre des skills prend rapidement sens. Mais on va revenir sur tout ça.

Premier contact. On créé son personnage et petite déception : on ne peut pas personnaliser son avatar. Ce n’est pas très grave mais ça a son charme dans les jeux de ce genre. Puis un naufrage, on comprends rapidement qu’on est exilé et qu’on va devoir naviguer dans un monde pas franchement Charlie. Et j’en profite tout de suite pour faire un point sur l’histoire : j’ai été passionné par celle-ci. S’il est très difficile de discerner les alliances des motivations des personnages dans le premier run, le jeu nous donne envie de plus en savoir. J’aime cette optique «on vous prend pas par la main mais vous allez vouloir en savoir plus». Parce que oui, l’histoire sur le premier run ne parlera pas à grand monde, surtout qu’il y a beaucoup de PNJ avec leur bribe de l’histoire, parfois qui se contredit. C’est ainsi que je me suis retrouvé une après-midi complète à lire cette histoire passionnante sur le wiki du jeu, très fourni en matière. Je précise que je l’ai fait après avoir fini le premier run et quel plaisir de comprendre tant de choses dans l’univers du jeu. Comme toutes les histoires, elle parlera ou pas à votre âme d’aventurier mais moi elle me passionne. Je trouve même qu’on pourrait en faire une série de films, ça aurait tout son sens. 

Si l’histoire ne se laisse pas dompter facilement, le déroulement du jeu est lui d’une logique immédiate et implacable : la map nous indique à chaque fois où aller avec les PNJ et on est jamais perdu grâce à chaque partie de map qui nous indique le niveau des monstres à l’intérieur de celui-ci. Il y a un ordre logique sans qu’on vous dise tel un benêt «C’EST LA ! GOGOGO !». Pour faire une comparaison avec Grim Dawn et ses problèmes de maps et de navigation, on est à des années lumière en terme prise en charge du joueur. Il faut aussi souligner la fabuleuse adaptation sonore des dialogues, eux-mêmes écrits dans un anglais littéraire qui rend parfois la compréhension ardue mais enrichissante. Sans faire d’égotrip, j’ai étudié l’anglais classique et même moi j’ai lutté pas mal de fois sur du vocabulaire et des expressions d’un anglais fin 18e/début 19e. Mais le travail de scénarisation et de dialogue forcent le respect, tout comme le jeu des acteurs doubleurs.

Pour rentrer plus dans le jeu en lui même, parlons des particularités du gameplay. Première chose essentielle dans un jeu de farming comme les H&S : donner des raisons au joueur de refaire 1000 fois les mêmes choses. Et là l’équilibre envie de continuer/récompenses est juste parfait. On a d’une part des niveaux qui montent vite, donnant sans cesse envie de continuer l’aventure. La montée en puissance des monstres est elle aussi très progressive et il n’y a qu’à partir de l’acte 2 que ça se corse si vous cherchez à jouer sans mourir. Le système de gemmes offre lui aussi des possibilités de build infinies et le fait de pouvoir les faire monter elles aussi de niveau offre une réelle satisfaction à garder le même build pendant toute l’aventure.

Le truc connu du jeu, c’est l’arbre des skills, gigantesque. Mais comme tout dans le jeu, sans qu’on vous prenne par la main, comprendre son mécanisme est en fait tout à fait logique et permet de spécialiser son personnage avec les compétences qu’on désire augmenter. Je suis sûr que j’utilise l’arbre de manière pas du tout optimale mais je ne me sens jamais lesé d’avoir choisi un éventuel mauvais chemin. Seul le personnage Scion peut être un peu plus compliqué vu qu’il part du centre de l’arbre et peut partir dans toutes les directions, de l’assassin à la sorcière.

Pour le premier run, j’ai choisi un Duelist, perso qui mêle les attaques au corps à corps et une dextérité qui lui permet de jouer à distance. Je ne suis pas mort avant l’acte 3 en normal et j’ai été surpris de la relative facilité du jeu. On arrive souvent, en fouillant toutes les maps, à avoir 5 à 10 niveaux supérieurs aux monstres de la zone donc ça avance sans trop de soucis. Mais alors déjà le boss de l’acte 3 et ceux de l’acte 4, c’est la purge complète si vous faites pas de level up. Le boss de fin, Malachai, j’ai du mourir 45 fois à la suite sans rire tellement il est craqué. Piety en abomination à l’acte précédant m’a défoncé également. Il y a peu d’endroits où on lutte mais quand on lutte, on se fait exploser. Mais pour un premier run, c’est tout à fait adapté en difficulté. J’ai fini en découvrant ce qui gâche un peu mon perso du coup : le cyclone alias le tourbilol. C’est con mais cette capacité elle fait tellement le taff à côté des capacités que j’ai utilisées jusque là que j’ai pas eu d’autre choix que de le jouer. Et c’est débile comme skill faut juste cliquer et bouger la souris à outrance, pas passionnant. Je finis avec le labyrinthe, que j’ai pas compris. Je suis arrivé à la première forme du boss, il m’a explosé alors que j’étais niveau 40 et qu’il est situé dans l’acte 3. Je ne comprend pas. Faudra que je lise en quoi il consiste ce labyrinthe parce qu’il est bien trop difficile pour mon niveau.

Pour changer après avoir fini, j’ai relancé un run en Hardcore avec une sorcière, run que j’ai échoué mais quand votre perso Hardcore meurt, il retombe dans la league normale. Tu gardes ton perso et c’est pire en fait parce que psychologiquement, tu sais que ton perso il est mort, t’as échoué. Mais non, tu continues à jouer avec parce que ça fait chier de balancer des heures de jeu à la poubelle pour recommencer. Enfin, je recommencerai avec une autre classe.

On finit avec un mot sur les transactions du jeu. Premier point : le jeu est 100% free to play et ça c’est incroyable. Les contenus payants sont uniquement cosmétiques ou bien de gestion de la planque d’objets. Si vous n’avez pas envie de payer le moindre pesos, vous pouvez tout à fait profiter à 100% de l’aventure et franchement c’est beau. C’est ce genre de comportement qui donne envie de soutenir la vie du jeu. Et c’est ce sur quoi les développeurs misent puisqu’ils proposent des packs pour pouvoir backer le jeu financièrement tout en ayant du contenu sympa. Perso j’ai acheté le Prophecy Supporter Pack pour soutenir le jeu et avoir le contenu et j’estime de 55€ pour 40h de jeu déjà passées alors que je vais continuer des dizaines d’heures, c’est la moindre des choses de remercier les devs si on a les moyens. Mais globalement, les prix des pièces de combinaison, les animaux de compagnie ou les packs complets sont hors de prix. Il faudra dépenser plus de 20€ pour les animaux de compagnie les plus beaux et plus de 45€ pour les armures complètes. Sachant que c’est juste cosmétique, vous gardez vos objets de base... Je trouve ça délirant sachant qu’avec des prix sympas, énormément de joueurs mettraient la main au porte-monnaie pour se payer un skin. Mais bon, chacun son style. Ca ne m’empêchera pas, avec l’arrivée de l’extension Atlas of Worlds, d’acheter le Hydra Supporter Pack (l’équivalent de l’édition limitée) vu la quantité de nouveau contenu que cette extension propose.

Voilà, j’ai volontairement passé sur les musiques et l’aspect graphique car si vous lisez cet article, vous avez sans doute déjà joué au jeu. Seul point qui me chagrine un peu : souvent cette ambiance trop sombre. Un peu de diversité n’aurait pas fait de mal et les développeurs l’ont compris quand on voit les différentes maps pleines de vie de l’extension Atlas of Worlds.

Les +

  • Totalement free to play
  • Ambiance envoutante
  • Progression récompensante
  • Un air oldschool assumé
  • Rejouabilité hallucinante
  • Une histoire immersive

Les -

  • Souvent trop sombre
  • Anglais très littéraire et pas de VF
  • Difficile d’optimiser les builds
  • Le labyrinthe, WTF ?
  • « Microtransactions » hors de prix

19/20

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