Chronique : Mourning Beloveth - Rust and Bone

Messieurs, dames et demoiselles, bonjour. Cette semaine est sorti un album que j'attendais avec une impatience et un plaisir rare. Comme à chaque sortie de Mourning Beloveth, un sentiment de réconfort et de tristesse m'enlace, comme un souffle d'automne. 14 ans que je suis le groupe à chaque sortie, depuis ce qui est resté pour moi la pierre angulaire du doom/death, The Sullen Sulcus. 14 ans, c'est une sacrée relation. Même s'il y a eu des hauts et des bas, si j'ai beaucoup évolué musicalement, Mourning Beloveth reste et restera mon sanctuaire sacré. Alors qu'attendre de ce sixième album ? Un peu d'ancien et un peu de nouveau. 


Pour résumer un peu la discographie du groupe, après 2 albums purement doom/death, Mourning Beloveth a essayé d’expérimenter sur A Murderous Circus sans y arriver vraiment. Un retour aux sources avec A Desease for the Ages plus tard, on a maintenant une formule plus éthérée et spectrale depuis deux albums. Car Rust and Bone prend de manière classieuse la suite de Formless, oscillant entre de longues phases doom et des changements d'atmosphères ou de rythmes bien venus. Mourning Beloveth a depuis quelques années choisi d'élever son doom pour proposer des morceaux plus aériens mais peut-être encore plus sombres. Rust and Bone est d'ailleurs surprenant à plusieurs égard. 

D'abord par sa durée : un peu moins de 38 minutes, c'est très court pour un album de doom et on ne peut cacher que la fin de l'écoute arrive bien trop vite quand on est emporté. Surtout qu'il n'y a finalement que deux morceaux -certes monstrueux- de doom/death à proprement parler. Accolés à eux se trouvent deux interludes rapides ainsi qu'un dernier morceau plus dans l'univers folk. Difficile de se contenter de ça quand on a attendu deux ans pour écouter ce nouvel album. Mais pas d'inquiétude, ce que fait Mourning Beloveth, il le fait bien. Les morceaux doom sont d'un gabarit colossal avec d'abord Godether qui pointe à 16 minutes, véritable béhémoth musical. The Mantle Tomb est lui à 11 minutes et on en a pour notre argent niveau qualité car comme je le disais, Rust and Bone reprend les expérimentations mises en place sur Formless. C'est d'ailleurs représenté de la meilleure manière avec un passage atmosphérique en blastbeat sur la fin de Godether à s'en faire hérisser les poils. La dernière piste folk avec la voix claire emblématique du guitariste est un morceau qu'on attendrait pas sur un album de ce genre mais qui fait une fermeture d'album magnifique et tout à fait appropriée.

Avec une formule doom + atmosphères, Mourning Beloveth rend sa musique moins monolithique, plus "gazeuse", plus diffuse. En ressort une impression d'être emporté dans un tourbillon là où avant on était simplement écrasé par la puissance du spleen musical. La production aide à cette impression avec un son moins bourrin que d'habitude, plus aéré mais tout aussi précis et agréable. Je tiens d'ailleurs à remercier l'ingé son qui a masterisé l'album car il est à un dynamic range de DR8. Et ça fait du bien pour les oreilles sensibles comme les miennes. On se souvient du DR4 de Fallujah qui ruinait leur dernier album. Là les amplitudes de sons sont réussies, la musique peu compressée et on a à aucun moment l'impression de se prendre un mur de son. Merci, surtout pour une musique qui a besoin de respirer comme le doom. 

Difficile de noter cet album car si la musique est de qualité, on manque clairement de contenu. Mais faisons avec ce qu'on a. Je trouve cet album dans les meilleurs du groupe. Le mélange atmosphérique avec leur doom/death classique marche à merveille et le groupe a une inspiration pour la composition qui ne faiblit pas. Si vous recherchez un album qui essaye de faire évoluer le style, Rust and Bone est pour vous. J'hésitais dans la note entre 3 et 4 à cause du manque de morceau mais pour la musique proposée, je tire vers le haut pour vous inciter à l'écouter. 

★★★

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