L'émergence du post-black métal

Cela fait maintenant quelques années qu'une partie du black métal a opéré une mutation qui, comme toutes les évolutions, plait ou ne plait pas. Mais comme on est dans un style de métal où l'intolérance et la haine sont le quotidien, les réactions épidermiques furent nombreuses. Toujours est-il que je vais vous parler un peu de black et de son évolution la plus récente : le post-black métal ou comme on l'appelle parfois le blackgaze.


Pour revenir un peu sur le black, on a depuis la fin des années 2000 un scission du black dans deux mouvances qui s'écartent un peu du tronc commun original. Si les groupes de black métal traditionnel sont encore pléthore, on assiste à une montée en puissance à la fois du black orthodoxe et du post-black. Je vais pas m'étendre sur le premier, juste expliquer : les groupes de black ne sont généralement pas satanistes. Il mettent le folklore du satanisme à la disposition de leur musique pour entrer dans le moule. Et bien le black orthodoxe, c'est le contraire : ils mettent leur musique au service d'une idéologie à laquelle ils sont dévoués. Ils constituent la "pensée droite" (ortho-doxa) par rapport aux groupes qui empruntent juste le folklore.

À l'opposé de ça, il y a le post-black : comme tous les genres "post" c'est une catégorie un peu fourre-tout qui comprends des éléments du black mais mixé avec d'autres éléments hors de cette musique. Je suis entré en contact avec ce style lorsque j'ai acheté -et suis tombé amoureux- de l'album Écailles de Lune d'Alcest.

Je n'en revenais pas qu'un groupe ose prendre une musique aussi noire et nihiliste que le black métal pour en faire quelque chose d'aussi lumineux, aérien. La trilogie post-black d'Alcest Souvenirs d'un autre monde, Écailles de Lune et Les Voyages de l’Âme restera pour moi un moment fort de ma vie de mélomane.

À partir de là, j'ai commencé à m'intéresser à ce genre de musique qui reprenait ce que j'adore dans le black : les tremolos divins, les blast beats et le plus important : l'exploration intérieure. À vrai dire, je me suis nourri pendant 3 ans uniquement d'Alcest avant qu'une claque vienne me réveiller de mon train-train habituel. Cette claque, c'est celle donnée par Defheaven avec son maintenant mythique Sunbather.

Pompant sans vergogne sa musique sur celle d'Envy mais avec un caractère black évident, Defheaven a littéralement explosé les conventions aux yeux du grand public. Personnellement, j'adore les gens qui sortent des normes et voir des mecs avec une allure qui ressemble à rien faire de la musique considérée "élitiste" dans un milieu de trous du cul, ça m'a réjouis. Parce que oui, tu te doutes bien que le milieu black, c'est un peu la lie de la société souvent. Ça vole pas très haut et c'est très consanguin. "On aime pas trop les étrangers ici." Sunbather reprend exactement la nomenclature du post-black : un grosse dose de black, des arrangements aériens style shoegaze. Du coup le succès de l'album a été assez phénoménal et le suivi du public aussi.  

C'était en 2013 déjà. Et depuis, j'ai découvert d'autres groupes affiliés dont Ghost Bath dont je vous avait parlé précédemment de son album Moonlover qui a eu un gros impact sur moi.

Le seul problème, c'est que quelques jours après, je suis tombé sur un album que j'ai encore plus aimé : Desparate Dreams de Violet Cold. Là on a quelque chose d'assez extraordinaire : prenez du black dépressif et mélangez ça avec du synthé pop style chansons sucrées. Vous obtenez un mélange qui sur le papier ne veux absolument rien dire mais qui, une fois dans les oreilles, vous explose en saveur.


Il reste encore beaucoup à découvrir dans cette mouvance et je crois qu'on est vraiment pas au bout de nos surprises mais je vous conseille de suivre ça de très près car il y a aujourd'hui un vivier de groupes qui donnent d'excellents albums.