Chronique : Vattnet Viskar - Settler

Chronique Vattnet Viskar - Settler


Rares sont les sorties qui sont capables d'à la fois créer le consensus et déstabiliser les esprits fragiles enterrés dans le classicisme de ce que doit être le Black Metal. Encore plus rares sont les groupes capables de faire évoluer leur style de base vers un idéal encore plus grand. On se souvient du magistral Sunbather de Deafheaven en 2013, ce Settler de Vattnet Viskar se place dans la même lignée artistique mais si la musique diffère largement. 

En malaxant un Black Metal assez raw dans des influences progressives, Vattnet Viskar se lance en orbite vers l'infini pour le plaisir de nos oreilles. Dès le premier contact, c'est la surprise : cette pochette que je trouve personnellement fabuleuse retranscrit de manière idéal ce qui nous est proposé musicalement. Pour la petite histoire, cette pochette réplique une photo de Christa McAuliffe :

  
Première civile à être envoyée dans l'espace en 1986, elle faisait partie de la mission Challenger et avait pour but en tant qu'enseignante de réaliser des expériences pédagogiques. Malheureusement, après 73 secondes de vol, la navette prend feu et explose instantanément, tuant la jeune femme avec ses six autres passagers. 

C'est autour de la thématique du voyage dans l'espace et avec cet aspect dramatique que prend place Settler. Comme présenté dans l'introduction, le groupe américain Vattnet Viskar nous expose pendant 40 minutes à son post-Black Metal spatial. Certes, on retrouve un noyau musical indéniablement extrême à base de rythmiques rapides, de guitares souvent tranchantes et d'une voix avec beaucoup d'effets, la rendant sale et rocailleuse. Les tremolo ne peuvent mentir sur la provenance musicale de cet album. Mais le plus appréciable reste bien sûr le mix de cette base avec une approche bien plus "post" et progressive. 

Chaque morceau dégage une énergie incroyable entre les passages purement black et les envolées de mélodie ou de rythmiques qu'un groupe comme Envy ne renierait parfois pas. Difficile d'exprimer avec des mots comment le groupe arrive à travers de sa musique à nous raconter son voyage spatial, nous montrer l'immensité de l'espace. Mais qu'importe, cette question de ressenti saute aux oreilles durant tout l'album, qu'il est d'autant plus agréable d'écouter d'une traite pour avoir un aperçu complet des paysages lunaires qui se développent devant nous. 

L'intensité du Black, l'émotion du post-métal : tout est là, dans un disque. Bien sûr, il ne plaira pas aux orthodoxes qui cherchent avant tout un produit noir et malsain. Mais pour les autres, Settler offre une expédition auditive qui vaut plus que le détours. Le Black Metal grandit et arrive de plus en plus à nous surprendre. Cet album le montre avec brio.

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