Choosing Death : la naissance du death

Quel heureux hasard j'ai eu de tomber sur la news de la remise à niveau d'un livre culte : Choosing Death - The Improbable History of  Death Metal and Grindcore par Albert Mudrian. Si vous êtes fan de métal et de death-métal en particulier, il y a deux livres à avoir : celui-ci et le A-Z of Death Metal par Gary Sharpe-Young. La version originale de Choosing Death est sortie en 2004 et après 11 ans, une mise à jour s'imposait dans un style musical qui avance à grand pas. C'est donc par hasard que j'ai vu que le livre sortait dans une version "Revised and Expanded" limitée à seulement 3000 copies avec un magnifique artwork en prime. Bon, j'ai payé le livre environ 40€, c'est pas donné mais je ne suis pas déçu de mon achat car il se fait une synthèse à la fois incroyablement complète de la naissance du style et de son évolution mais est également rempli d'interviews, d'une discographie des albums indispensables et d'une écriture qui fait dévorer les pages les unes à la suite des autres sans pouvoir s'arrêter.

Bien sûr, le livre est en anglais donc on avance pas aussi vite dans la lecture mais ce n'est que pour en savourer d'autant plus le contenu. Rempli d'images et de photos d'archives, on suit la naissance du grindcore et du death au milieu des années 80, naissance qui se fait par des personnes qui voulaient aller encore plus vite que le punk-hardcore et le thrash diffusés à l'époque. Deux choses m'ont stupéfaites dans ce récit. Tout d'abord, c'est l'âge des protagonistes. Je ne me suis jamais posé la question mais en y réfléchissant, si vous voyez que les membres de Napalm Death ou Carcass n'ont aujourd'hui que 45/50 ans, quel âge avait-ils au milieu des années 80 ? Et oui, quand on écoute Scum de Napalm Death ou Slowly We Rot d'Obituary, il faut se rappeler que ce sont des gamins de 15/20 ans qui les ont composés. Et ça remet beaucoup de choses en perspective. Il semble incroyable de voir que toute une génération de jeunes de cet âge se sont tous influencés pour pratiquer ce nouveau style de musique. 

Le deuxième point c'est en effet qu'ils étaient tellement peu à se lancer dans cet aventure qu'ils se connaissaient tous. Que ce soit la scène américaine, suédoise ou anglaise, les membres quittaient un groupe aujourd'hui connu pour aller dans un autre tout aussi connu. Il y a eu une grande valse des membres, phénomène qui a été très régulier durant toutes les années 80. Les histoires de déplacement de Chuck Shuldiner qui sont citées sont assez incroyables. Penser que des parents laisseraient un jeune de 15 ans voyager de la Floride, à la Californie puis le nord-est pour revenir en Floride etc. Tout ceci nous rappelle bien qu'on lit une autre époque. Tous ces jeunes, avec le système D, se sont engouffrés dans le death-métal sans avoir vocation à en vivre. Ils ont fait ça dans l'urgence. En voir le résultat tout en lisant la genèse est juste extraordinaire. 

Du coup, en grand passionné, il fallait que je découvre par la musique ce qui se faisait à l'époque car j'ai toujours été très réfractaire au métal des années 80. Il n'y a guère que Reign in Blood de Slayer que je peux citer dans cette période et que j'adore. Alors la discographie mise à la fin du livre nous permet de tester des groupes qui faisaient de la musique alors que j'avais 5/10 ans. Si on s'intéresse à la formation du métal, il y a quelque chose de fascinant dans les premières sorties officielles de death-métal. Une énergie brute, sans aucune arrière-pensée. Bien des disques sont très mal produits et qui blâmerait-on ? Aucun ingénieur du son ne savait mixer du death-métal à cette époque. Mais en écoutant ces albums, au delà du bordel parfois inaudible, se trouve un fond à la fois pur et violent. Je ne sais pas comment l'exprimer mais j'ai particulièrement ressenti ça en écoutant cette semaine pour la première fois From Enslavement to Obliteration de Napalm Death. Oui c'est mal produit, oui c'est très bruitiste mais dans ce maelström se dégage une énergie et quelque chose de mythique. J'ai acheté cet album depuis parce que je l'adore.


Autre sortie qui m'a scotchée : le 7" du groupe Abhorrence. Comment on pouvait faire de la musique restée aussi bonne en 1990 ? 


Si les 3000 exemplaires sont sûrement partis comme des petits pains, je vous conseille au moins la version classique, dispo ici.

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