Les Soldats de l'Espérance - 1993

Malgré le fait que je ne m'autorise jamais à faire des critiques de films à cause de goûts personnels pourris assumés, je pense qu'il peut être intéressant de vous faire découvrir le film Les Soldats de l'Espérance, que je regarde périodiquement. Rares sont les films que je vois plusieurs fois mais certains sont restés gravés dans ma mémoire et le moins médiatisé d'entre tous restera sûrement celui-ci alors qu'il est à mon avis essentiel dans le traitement médiatique et scientifique d'un fléau subit depuis 30 ans : le SIDA.

Aviez-vous déjà entendu parler de ce film ? Il y a de fortes chances que non. Je crois qu'il est directement à la télévision alors qu'il a une direction et des aspirations bien plus élevées que ça. Du moins je le pense. Pour parler des données concrètes, rendez-vous compte de la distribution : Matthew Modine, Nathalie Baye, Phil Collins, Richard Gere, Anjelica Huston, Tcheky Karyo, Steve Martin, Ian McKellen... avec des musiques interprétées par Elton John et Freddy Mercury, excusez du peu. Cette pléiade d'acteurs de talent, accompagnés de ces immenses artistes musicaux ne pouvaient que donner un socle solide à la réalisation de ce film. 

Commençant par la découverte dans les années 70 de l'Ébola en Afrique, le scientifique principal joué par Matthew Modine va 10 ans plus tard mettre le doigt sur un début d'épidémie inquiétant aux États-Unis. Ce que le film montre de manière pertinente et réaliste, c'est en premier le scepticisme des instances scientifiques lors de la déclaration de la maladie. Lorsque quelques cas du sarcome de Kaposi sont détectés (maladie précurseur du SIDA), on voit que les représentants du corps médical sont en plein doute et prennent énormément de précautions au niveau diplomatique pour ne pas diffuser d'informations. Matthew Modine devra se battre durant tout le film pour faire valoir la terrible condition des patients. Que faire lorsqu'on découvre une maladie dont plusieurs symptômes sont étrangement connectés et quand l'institution publique cherche à faire étouffer ces cas ?

À cette atmosphère s'ajoute aussi la question de la communauté gay dans l'ouest des États-Unis. Les bains publiques homosexuels à San Francisco ont permis malgré eux de diffuser largement cette maladie et il y a un moment où la communauté scientifique affronte en discussion publique les gérants de ces bains. Le film revient avec minutie sur les grands événements de la maladie, de sa découverte à la recherche du "patient zéro" Gaëtan Dugars, steward canadien, à la bataille médiatique du poster boy des années 80 Bobbi Campbell. Et progressivement, on voit les différentes instances prendre le pouvoir pour gérer la maladie, la bataille entre les laboratoires américains et français pour être les premiers à découvrir la maladie et lui donner un nom. On se souvient de son premier nom reflétant malheureusement le peu qu'on en connaissait : GRID pour "Gay-related immune deficiency".

Filmé avec un regard très réaliste, Les Soldats de l'Espérance mêle habilement les destins personnels et l'Histoire de la maladie grâce à des acteurs tout en retenue et en sobriété. Accompagnés de la musique qui vous prendra aux tripes, vous en apprendrez à la fois beaucoup et aurez un énorme pincement au cœur à la fin de cette saga qui revient sur 30 ans de combat contre la maladie de l'amour. Si comme moi vous avez une sensibilité particulière envers cette maladie, vous en sortirez émus.        

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