La guerre du volume : cassez-nous les oreilles

J'avais donné quelques infos sur un phénomène qui touche le monde de la musique dans sa totalité : la guerre du volume ou bien "Loudness War" en anglais. Je me suis dit que si vous aviez raté le tweet où j'en parlais, et vu les proportions que ce phénomène prend depuis que je l'ai découvert, il paraissant important d'en approfondir le sujet.

La guerre du volume donc. Ou comment depuis 20 ans on se dirige vers une surdité de plus en plus importante à coup sûr. La première chose que je ne comprends pas, c'est le postulat de départ de cette guerre technologique. Pour expliquer les choses simplement, depuis 20 ans, les producteurs de musique augmentent de plus en plus le niveau sonore des productions pour capter l'attention des auditeurs. Et en plus de relever le niveau sonore, ils compressent de plus en plus les musiques. Qu'est-ce que ça veut dire "compresser" ? Concrètement, c'est de normaliser les sons pour que tous aient la même intensité sonore. Grosso modo, il n'y a plus de différence sonore entre un passage à la harpe et un passage à la batterie. Tout est mis sur le même plan en augmentant ce qu'on appelle l'échelle dynamique (Dynamic Range ou DR) des sons les plus bas à hauteur des plus hauts. À expliquer c'est assez compliqué mais avec une vidéo ça parle tout de suite mieux. 

J'ai connu ces concepts en lisant une excellente review de l'album The Flesh Prevails de Fallujah. La critique notait que les compositions étaient magnifiques mais le mastering atroce et je ne comprenais pas vraiment de quoi il retournait. L'auteur disait dans l'article que le CD a été augmenté jusqu'en DR3, ce qui est très haut. Plus on tend vers 0, plus le son est fort et compressé. La version vinyle de l'album est en DR10 et les CDs classiques sont en DR6 traditionnellement. Imaginez alors le niveau d'intensité d'un album masterisé en DR3. D'ailleurs en regardant au pif les albums dans la Dynamic Range Database, aucun album n'est en DR3. Vous l'avez compris, tous les sons sont compris dans un spectre très réduit de fréquence sonore, ce qui fait qu'il n'y a quasiment aucune modulation d'intensité. 

Mais c'est quoi le problème au fond ? Le problème c'est que l'écoute est très fatigante pour l'oreille et que ça détériore votre qualité d'écoute. Par exemple moi qui ais un problème d'audition à l'oreille droite, je ne peux pas écouter cet album plus de 10 minutes, je commence à avoir mal aux oreilles. Il n'y a rien de mieux pour devenir sourd. Et vous pouvez baisser le son, ça ne change rien car l'intensité est toujours la même. J'écoute les albums classiques vers un niveau de 9 dans ma voiture et je suis obligé d'écouter The Flesh Prevails à 6 et je fatigue toujours. Le deuxième problème c'est que ça détruit la qualité de la musique. Une musique qui n'a plus de variation, plus de diversité sonore n'a plus d'intérêt. On se retrouve avec ce qu'on appelle un "brickwall" ou un "mur de brique" en français. C'est à dire que vous vous mangez un mur de son où toutes les dynamiques ont disparues, laissant une musique sans respiration et sans nuance.

 Ce problème de la guerre du volume, c'est que c'est l'auditeur qui en paye le prix. La musique perd de son intérêt, fait de plus en plus mal aux oreilles. Il est encore temps de dire stop à ces pratiques qu'on demande aux studios d'enregistrements parce que bon nombre l'albums sont massacrés à vouloir à tout prix produire une musique qui explose les oreilles de l'auditeur. 

Si vous souhaitez lire une explication plus claire, rendez-vous ici.

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