Les Acteurs de l'ombre fest : Nantes dans le noir



Bon ce week-end j'ai bravé 1) le temps de merde 2) mon introversion excessive pour participer au festival des 10 ans du label Les Acteurs de l'Ombre. Deux jours de concerts avec énormément de groupes du label, du merchandising et une population qui correspond carrément pas à mon style mais tout à fait tranquille, comme le public métal en général. Pour me sortir de chez moi aller dans un endroit blindé de monde, faut se lever de bonne heure mais mon envie de rendre hommage à ce label tout en regardant des groupes qui comptent parmi mes favoris depuis quelques temps était trop tentant. 

C'est donc armé de mon courage que je me suis rendu -fun fact- à la maison de quartier de mon lycée. La dernière fois que j'ai vu un concert dans cette salle c'était mes potes qui jouaient en terminale, autant dire que la nostalgie a fait son boulot. Et première super surprise, le son a été top tout au long du week-end. Malgré une taille réduite -mais adaptée au style- le son a été quasi sans faute sur les groupes que j'ai vus. Un grand bravo aussi à l'organisation qui a été sans faille au niveau des balances et des horaires, j'ai jamais vu ça. Tous les groupes ont commencé à l'heure, aucun retard. Dernière précaution d'usage : j'ai vu que 6 groupes sur le week-end, ayant eu d'autres obligations (et ma présence dans un lieu plein de monde m'empêche de rester longtemps de toute façon). Vous attendez pas à un live report exhaustif quoi, c'est juste le ressenti d'un mec lambda.

Samedi


On commence le samedi avec le premier groupe : Heir. J'ai pas été fan de leur premier album mais je l'ai écouté quand même sans déplaisir. On retrouve bien sur scène la qualité musicale du groupe mais ça manque de passages marquants. Un des facteurs les plus importants dans la musique pour moi c'est si je me souviens des morceaux. Et dans le cas de Heir, même si j'ai passé un bon moment, je serais bien incapable de me souvenir d'un passage en particulier. Pour la prestation scénique, le black métal version corpse paint c'est terminé ce temps-là et aucun groupe n'en portera, on est entré dans une époque post-black et les accoutrements s'en ressentent. Là le groupe nous offre des marcels troués avec de la suie sur la gueule, ça le fait bien. Ma conclusion sera la même que pour les groupes de ce samedi : je reconnais volontiers la qualité musicale évidente du groupe mais j'en ai rien retiré de notable personnellement. Ah si : aucun contact avec le public, pas de bonjour, pas d'au revoir, on pouvait entendre les mouches voler entre les morceaux, le groupe n'a pas envie de vivre le spectacle vivant. Dommage ils auraient gagné à être plus sociaux en tant que premier groupe du festival.


Deuxième groupe : Aorlhac et le public est déjà un peu plus nombreux et plus vivant. Ça m'a surpris de voir que le groupe a apparemment une bonne cote auprès du public c'est plaisant. Proposant un black plus traditionnel et guerrier, Aorlhac a donné un très bon set. Je ne suis pas spécialement fan de leur album La Cité des Vents mais en live ça a été une bonne expérience, notamment grâce au chanteur qui lui a envie de partager avec le public. Le son est une nouvelle fois sans aucun accrochage et le set passe comme papa dans maman. Le bonus pour moi c'est le chant français, je trouve que c'est une des meilleures langues pour ce style de musique : haineux, rugueux et là ça marche très bien. Un bien bon set qui a permis à la maison de quartier de commencer à se remplir.


On termine le samedi me concernant par Pénitence Onirique. J'aurais vraiment voulu voir Moonreich mais ne pouvant pas rester plus, on se contente de ce qu'on a. Là je vais être moins ambiancé parce que sur CD, la musique que Pénitence Onirique me laisse de marbre. Je reconnais qu'il y a un super taff mais alors émotionnellement je sais pas pourquoi, ça ne me touche pas et je trouve du coup leur morceaux trop longs. C'est la logique : quand un groupe propose un black ultra lancinant, c'est tout de suite trop long si on rentre pas dedans. Dommage parce que le son massif était au poil, les costume du groupe toujours aussi impressionnants mais j'ai senti le public moins réceptif. Sans doute du à la répétition inhérente à ce style de black. Techniquement le groupe aura pourtant livré un set impeccable et j'ai reconnu tout de suite les morceaux tirés de leur album, comme quoi musicalement ça envoyait bien. Mention spéciale au chanteur ma fois masqué mais fort sympa avec la foule.

Dimanche


J'attendais particulièrement ce jour avec un enchaînement de trois groupes qui sont sans doute mes favoris du label. J'arrive pour Hyrgal et petit Jésus, ce set ! Je suis tombé amoureux de leur album Serpentine comme nombre de mes compatriotes présents et à raison : Hyrgal a été impérial de A à Z. Même si cette journée a été un peu plus difficile niveau balance sonore, j'ai quand même adoré leur set. Mais le son des guitares était un peu trop noyé, je pense que quelqu'un qui ne connaissait pas les morceaux a parfois pas du comprendre grand chose dans les blast beats. Moi je suis resté scotché devant ce groupe au chanteur hargneux et possédé comme on aime. Même s'ils n'ont sorti qu'un album, on sent que c'est pas un jeune groupe, l'expérience est là. Vraiment chapeau Hyrgal parce que c'est aussi bon en live que sur CD. Mention spéciale évidemment au morceau Mouroir, magnifique dans cette ambiance. La foule ne s'y est pas trompée car malgré l'horaire précoce de passage du groupe, la réaction du public a été à la hauteur de la qualité de la musique. On attend avec impatience la suite.


Déluge enchaine et première chose qui me choque : les mecs ont 10 ans de moins que moi et ont l'air de mecs en DUT Informatique. C'est con mais j'ai vraiment buggué là-dessus. Voir des petits jeunes balancer une musique aussi dense, ça a quelque chose de bizarre. Aether est un de mes albums de black moderne favoris et je sais pas, ça m'a sorti du truc de voir des gars aussi jeunes faire une musique aussi adulte. Je sais pas si je m'exprime bien, c'est un ressenti un peu con mais c'est comme ça. Reste que j'ai réussi à passer par dessus pour profiter de ce set en granit massif. La musique de Déluge est tellement massive en live, c'est impressionnant. Le seul bémol c'est que le groupe n'avait pas de bassiste, remplacé par un mec qui s'occupait des samples et des boucles, dont le groupe n'a clairement pas besoin. Le pauvre mec faisait un peu bouche-trou sur scène, j'ai pas bien compris son rôle dans la musique de Déluge à part balancer des samples de pluie comme sur l'album. Il apportait des nappes pas agréables à plusieurs endroits d'ailleurs. Enfin la globalité du set a été super positive, très heureux d'avoir vu le groupe en live au moins une fois. Et Aether est toujours dans ma voiture 3 ans après, c'est dire le culte que je lui voue.


On fini par LE groupe pour lequel j'ai acheté mes places pour ce festival : Au-Dessus. Dire que leur dernier album m'a mis la claque de l'année 2017 est encore en dessous de la vérité et les lituaniens sont devenus mes chouchous en très peu de temps, surtout avec la réédition de leur premier album, remixé chez... Les Acteurs de l'Ombre bien sûr. Petit fait bizarre : si on sait que le groupe joue toujours sous leurs capuches, le soundcheck s'est fait à visage découvert, ce qui encore une fois a laissé voir des mecs tellement jeunes ! Le batteur c'est pas possible, il a 20 ans maximum mais il joue tellement bien, impressionnant. Retour sur scène encagoulé donc pour un set qui sera passé trop vite. On avait tout : la musique hypnotique, le public très chaud à chaque fin de morceau dont le premier de The End of Chapter qui aura totalement conquis le public. J'étais sur les gradins et c'était impressionnant de voir toutes les têtes bouger à l'unisson à chaque partie un peu plus groovy du groupe. Même s'il n'a pas eu d'échange avec le public, je ne saurais pas expliquer mais on a senti qu'ils étaient contents de la réaction du monde présent. Là la salle était clairement remplie et moi j'étais parti très loin pendant les phases plus lancinantes. Au-Dessus confirme son statut de leader sur le label me concernant, je suis définitivement acquis à leur cause. 

C'est sur cette prestation impeccable que j'ai plié les gaules, n'étant pas fan du black grotesque de Pensées Nocturnes. Le mental fatigué mais heureux d'avoir vu ces groupes et ce label que je respecte tant. C'était une occasion unique de faire d'une pierre 6 coups. C'est aussi là que je comprends que je suis devenu un métalleux d'appartement, dur de vivre puant, dans la chaleur et avec plein de monde. On se refait pas, I'm too old for this stuff mais j'ai kiffé cette date unique. Je vous conseille évidemment d'écouter les groupes du label dont Time Lurker qui a vraiment manqué (mais en tant que one-man-band, difficile de faire des concerts...). Pour marquer la date, j'ai fait un petit tour au stand pour acheter en physique les CDs que j'adore en mp3 depuis un moment : Serpentine de Hyrgal, les deux albums de Au-Dessus ainsi que deux magnifiques t-shirt du label et de Au-Dessus. 

Merci au orgas, au label et à tous les artistes, vous faites un boulot nécessaire pour le black en France et dans le monde. Comptez sur les mélomanes inconnus comme moi pour vous suivre encore longtemps.

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